Après une légère détente du marché entre 2015 et 2020, le canton de Vaud connaît à nouveau une pénurie de logements.
Début 2024, le taux de vacance atteint 1 % dans le Canton et le district de Morges, et seulement 0.67 % dans la région morgienne. Cette tension, accentuée par la hausse des prix et des taux hypothécaires, complique l’accès au logement.
Quelles ont été les principales évolutions en matière de logement depuis 2020 dans la région ? Comment expliquer cette pénurie et quels sont les enjeux et perspectives pour l’avenir ?
Une région attractive et dynamique, mais le logement sous pression
Depuis 2020, la croissance annuelle des logements a dépassé celle de la décennie précédente, avec 1’350 logements construits (hors maisons individuelles, 3 % du total). Près de 40 % comptent 1 à 2 pièces et 55 % disposent de 3 à 4 pièces, avec des spécificités locales selon les projets.
Dans un contexte de demande croissante et de pénurie généralisée dans l’agglomération lausannoise, les prix d’achat et à la location des petits et moyens logements ont fortement augmenté. Cette hausse contraste avec les régions périphériques, où le taux de vacance reste plus élevé et les prix plus abordables.
En revanche, seuls les grands logements ont vu leur prix se stabiliser, voire baisser, en raison d’une demande suffisante liée à des coûts élevés et à une inadéquation avec les besoins actuels.
Evolution des prix à l’achat dès 2000, appartement, Vaud (source : realadvisor)
Les prix à l’achat ont fortement augmenté depuis 2020, et la location également sur l’ensemble du Canton, et en particulier dans l’agglomération pour les petits et moyens logements.
Cette dynamique témoigne également du succès de la région, qui se distingue par sa qualité de vie et sa proximité avec les centres urbains. La région morgienne reste attractive grâce à un cadre de vie harmonieux, alliant accessibilité, services et loisirs.
Si ces dernières années ont vu un retour vers les centres urbains grâce à une nouvelle offre de logements, la hausse des prix pourrait favoriser un mouvement inverse, similaire à la période antérieure à 2015, où un partie de la demande se reportait sur les régions et cantons voisins.
Des parcours résidentiels toujours plus diversifiés mais aussi avec plus de fragilité
L’évolution des parcours de vie et des modèles familiaux diversifie la demande de logements : familles monoparentales, couples sans enfants, colocations, locations de courte durée, etc. Adapter l’offre à ces besoins devient essentiel pour accompagner le développement et renouvellement démographique au niveau local.
Depuis 2020, la région a vu différents types de ménages privilégier des localisations spécifiques :
° Les ménages solos (tous âges confondus), les couples jeunes et d’âge moyen ainsi que les familles ont principalement choisi des localisations centrales comme Morges.
° Dans les centres secondaires (Préverenges, Saint-Prex), le nombre de familles a diminué au profit des solos et des couples plus âgés.
° Les communes restantes ont attiré des couples plus âgés, parfois pour l’achat de villas de seconde main, désormais trop onéreuses pour les jeunes familles.
L’analyse du parc régional de logement montre une répartition cohérente des ménages selon le type de logement : les petits ménages privilégient les petits logements (1-2 pièces), les familles occupent principalement des moyens et grands logements (3-4 pièces et 5+), et les couples sont présents dans toutes les catégories, mais les plus âgés tendent à occuper de grands logements (5+ pièces).
Avec la hausse des prix, le taux d’effort des ménages (part du revenu consacré au logement) est sous pression. Si, par le passé, les ménages les plus vulnérables étaient principalement les seniors vivant seuls, les famille à revenus modestes et les familles monoparentales, la situation s’est aujourd’hui étendue aux jeunes adultes solos et même aux couples souhaitant une famille.
Illustration des parcours de vie : à chaque étape des aspirations résidentielles spécifiques.