Une connexion naturelle permet à un organisme (animal, plante ou champignon) de se déplacer d'un endroit à un autre pour accomplir ses besoins de base : se nourrir, disperser ses graines ou trouver un partenaire, chercher un territoire pour s'installer, un abri ou un endroit de repos. C'est un élément structurant de l'habitat et de la vie des organismes qui relie des points d'intérêts majeur.
Une connexion est continue et homogène : une rivière et ses berges, une haie, une étendue de forêt, un champ, un chemin creux, un lac, un marais, un muret, une bande herbeuse, etc. Mais ces exemples valent surtout pour les animaux. Ainsi, les connexions naturelles sont différentes pour les plantes et champignons qui utilisent souvent les animaux comme vecteurs de dispersion des graines et dépendent donc indirectement des connexions naturelles des animaux pour se reproduire.
Elles sont créées et détruites par l’action de dynamiques naturelles et humaines. Celles d’origine naturelle sont en premier lieu les rivières, les lacs, les marais, les glaciers et l’enforestement. Toutefois, beaucoup de connexions sont aussi dues au travail de l’homme sur le paysage, notamment agricole : haies, chemins creux, bordures et lisières de forêts, sentiers forestiers, à-côtés de routes ou de rails.
Si la biodiversité a pu profiter de structures linéaires créées par l’homme comme les chemins ou les haies, les connexions naturelles sont hélas de nos jours très et trop souvent coupées, interrompues ou supprimées par l’urbanisation et les aménagements. Un nouveau bâtiment, un grillage, un arbre abattu, un trottoir qui remplace de l’herbe et les animaux n’ont plus d’endroit pour cheminer ou se retrouvent bloqués. Cela peut les conduire à prendre plus de risques – traverser des routes par exemple – ou à définitivement renoncer à passer. Les conséquences peuvent être importantes : empêcher la colonisation d’espaces, impacter la reproduction et donc les populations d’animaux, voire provoquer une extinction locale. Indirectement, cela affecte aussi les plantes ou les champignons qui dépendent des animaux pour leur dispersion.
Les travaux dans les villes, que ce soit entretenir l’existant, construire de nouveaux quartiers, les équiper, ou les modifier, coupent souvent les connexions naturelles. Plus particulièrement, la densification, qui consiste à mettre plus d’activités et d’habitats en ville pour éviter que l’urbanisation ne gagne sans cesse sur la campagne, pose de grands problèmes en supprimant le « vert » urbain. Les routes, leur(s) agrandissement(s), les infrastructures liées aux transports sont également des facteurs importants de coupure du paysage et de sa fragmentation.
Néanmoins, les connexions naturelles sont protégées et garanties à divers niveaux, notamment par le réseau écologique cantonal ou national. Ces réseaux concernent surtout la grande faune (cervidés, sangliers) et la prise en compte de la faune moyenne doit elle se faire au niveau local. Les communes ont des capacités d’agir auprès des différents acteurs concernés – promoteurs, régies, propriétaires privés, urbanistes et architectes – aux différents stades des projets urbains et elles en tiennent de plus en plus souvent compte dans les plans d’aménagement.
Il est possible de restaurer partiellement des connexions naturelles ou d’en créer de nouvelles. C’est le sens de nombreuses actions, par exemple le programme « Connexions naturelles » du WWF, la prise en compte dans les projets urbains (Lausanne, Région Morges, Région de Nyon), ou encore les chartes de bonnes pratiques comme la « Charte des Jardins » du Canton de Vaud. Les mesures sont notamment la plantation de haies à des endroits stratégiques qui font office de connexions naturelles, d’habitats et de sources de nourriture pour la faune. La facilitation du cheminement, soit le rétablissement des connexions coupées par des aménagements se fait aussi par des mesures comme les passages au-dessus et au-dessous des routes, l’aménagement de passages dans les grillages ou les câbles pour écureuils tirés entre deux arbres par-dessus les routes. La renaturation de rivières vise aussi à recréer des connexions, par les passes à poissons et la suppression des obstacles dans le lit, et la constitution de continuités naturelles pour la faune sur les rives.
Nous remercions pour leur aide et les informations apportées : Charlotte Baurin et Guillaume Raymondon (Région Morges), Guy Berthoud (ECONAT-Concept) et Christophe Baltzinger (Irstea).
Nicolas Messieux