La qualité écologique d’une prairie peut être fortement influencée par l’entretien pratiqué. Si ce dernier n’est pas adapté, la diversité des espèces présentes diminuera progressivement et certaines espèces parmi les plus intéressantes pourront même disparaître totalement.
Comme tous les milieux naturels, les prairies ne sont pas figées et évoluent au fil du temps. L’entretien doit donc être régulièrement revu pour maintenir un équilibre favorable au développement de la biodiversité.
Période de fauche
Les prairies se fauchent une à trois fois par année. Dans la plupart des cas, une première fauche est effectuée au mois de juin et la seconde entre septembre et octobre. Ce mode d’entretien offre suffisamment de possibilités aux différentes espèces de plantes et d’insectes pour compléter leur cycle, ce qui permet de garantir un équilibre sur le long terme.
Lorsqu’une prairie est très maigre, on peut se contenter d’une seule fauche par an, dès le mois d’août. Au contraire, lorsqu’elle est très grasse, trois fauches peuvent être nécessaires pendant quelques années afin de réduire les nutriments disponibles dans le sol et favoriser l’apparition de fleurs.
Produit de fauche
Alors qu’un sol agricole riche en nutriments est souvent favorable pour produire des denrées alimentaires, pour une prairie, c’est l’inverse : plus le sol maigre et plus la diversité floristique sera importante.
Les sols riches favorisent les espèces plus compétitives telles que les graminées. C’est pourquoi l’entretien des prairies nécessite de ramasser le foin et de le valoriser ailleurs (par exemple, comme fourrage pour le bétail ou comme compost). On attendra quelques jours avant d’effectuer le ramassage afin de laisser le temps aux insectes de quitter les lieux.
Bande refuge
Lorsque la fauche intervient, elle prive certaines espèces de refuge. Si toutes les prairies sont fauchées en même temps, les insectes et les petits mammifères ne disposeront plus, pendant un certain temps, de nourriture, de lieu de reproduction ou de cachette pour échapper aux prédateurs.
Quant aux plantes qui fleurissent plus tard, elles ne seront jamais en mesure de terminer leur cycle et de produire des graines, ce qui conduira à terme à leur disparition. En préservant une bande refuge non fauchée sur environ 10% des surfaces, les responsables de l’entretien permettent à ces espèces de perdurer malgré la coupe.
Outils et machines
Les outils et les machines utilisés pour l’entretien exercent une grande influence sur la qualité de la prairie. Une épareuse ou une débrousailleuse généreront par exemple de nombreux débris qui contribueront à enrichir le sol. Avec le temps, ces débris s’accumuleront à la surface du sol (feutrage) ce qui péjorera l’infiltration de l’eau, favorisera le maintien de l’humidité, et limitera la croissance de certaines plantes.
A l’inverse, une motofaucheuse équipée d’une barre de coupe permettra une fauche nette avec un impact beaucoup plus limité. Dans les milieux particulièrement sensibles, la coupe à la faux reste le mode d’entretien le plus respectueux de la biodiversité.
Espèces (exotiques) envahissantes
Certaines plantes exotiques, importées en Suisse, se sont très bien acclimatées au point de devenir envahissantes. Très compétitives, ces dernières se développent rapidement et remplacent petit à petit la végétation initiale, appauvrissant fortement la diversité floristique et l’intérêt de la prairie pour la biodiversité.
Parmi les plus répandues, on compte notamment la Vergerette annuelle, les Solidages américains ou encore le Séneçon du Cap. D’autres espèces comme le chardon commun sont indigènes mais peuvent poser des problèmes pour l’agriculture.
Des actions de lutte périodique contre ces plantes envahissantes doivent donc être intégrées dans l’entretien annuel des prairies. Les méthodes utilisées varient selon les espèces. L’arrachage manuel est souvent privilégié pour les petites zones, alors que les plus grandes nécessitent souvent de recourir à une fauche mensuelle.