Laissez la nature se développer à son rythme dans certains coins de votre jardin.
Un nouvel ordre pour votre jardin
Sur les 8 millions d’espèces animales et végétales connues qui peuplent la Terre, les scientifiques nous annoncent qu’un million d’espèces sont aujourd’hui en danger d’extinction. Un million d’espèces… un chiffre qui interpelle le citoyen. Ce constat est-il aussi valable en Suisse ? Quel est l’état des lieux dans ma commune ? En quoi suis-je responsable de cette hécatombe et que puis-je faire à mon niveau pour améliorer cette situation ?
A tous ceux qui se posent cette question : bonne nouvelle ! Il existe de nombreuses choses à faire, surtout si l’on a la chance d’être l’heureux propriétaire d’un jardin. Le jardin, c’est un petit coin de verdure juste pour soi. Un endroit où l’on aime profiter du calme après une journée de travail, où les enfants peuvent aller jouer le soir avant de passer à table, où l’on a installé sa piscine et où l’on fait des grillades en famille et avec ses amis. Mais c’est aussi un endroit que l’on peut partager avec la faune sauvage, pour autant que l’on s’en donne les moyens.
Accueillir la faune dans son jardin nécessite souvent de changer certaines habitudes, parfois enracinées dans notre subconscient depuis de nombreuses années. Prenons un exemple : nous considérons souvent qu’un beau jardin doit être bien entretenu. Dans les plates-bandes, les rangées de rosiers sont désherbées régulièrement et traitées contre les ravageurs. Le gazon est tondu toutes les deux semaines et arrosé au besoin afin de conserver un tapis aussi vert et uniforme que possible. Les « mauvaises herbes » sont combattues avec ferveur et acharnement, surtout lorsqu’elles s’insinuent entre les interstices des pavés. Le bois de feu destiné à la cheminée est soigneusement empilé contre le mur du garage.
Le temps investi pour parvenir à ce résultat est considérable mais aussi source de satisfaction. Une fois les travaux terminés, une fois que chaque chose a retrouvé sa place, il est temps de profiter d’une petite pause bien méritée sur la terrasse.
Malheureusement, la nature suit sa propre logique et n’apprécie souvent pas l’ordre que nous lui imposons. Décimés par les pesticides, les insectes désertent nos extérieurs, privant du même coup les oiseaux d’une source importante de nourriture. Les quelques volatiles qui les fréquentent encore finissent bien souvent sous les crocs de Pupuce ou d’un autre chat du quartier. Fuyant un espace agricole transformé pour répondre aux contraintes de l’agriculture moderne, les hérissons tentent leur chance dans les potagers mais se heurtent souvent aux clôtures que nous avons installées. Lorsqu’ils parviennent à se faufiler dans notre jardin, ils n’y trouvent aucune feuille morte, aucun branchage pour bâtir leur nid et passer l’hiver. Tout est propre, trop propre, si propre que la nature n’y trouve plus sa place.
Lutter contre la disparition de la biodiversité commence donc dans notre jardin, en acceptant de réintroduire ce qu’hier nous aurions considéré comme du désordre. Un tas de branches et quelques feuilles mortes pour les petits mammifères, un tas de pierre pour les lézards, un coin de gazon où l’on laisse les fleurs et les insectes se développer à leur rythme. Commencer par accepter, et finir par apprécier, de partager son petit coin de verdure avec la faune sauvage : un petit geste dont l’impact peut contribuer à un bien bel objectif.