Conseil n°4

Jardins Vivants

Renoncez aux insecticides et favorisez les auxiliaires.

Laissez la nature se développer à son rythme dans certains coins de votre jardin.

La fable du puceron et de la limace

Cette année, c’est décidé, je m’y mets ! Armé de courage et de bonne volonté, j’entreprends de convaincre mes propriétaires d’utiliser une petite partie de notre jardin commun pour créer un potager. A nous les fraises, les tomates et les haricots « zéro carbone » poussant au milieu de la bourrache, des soucis et des herbes aromatiques. Ce qui est bon pour moi l’est aussi pour la planète !

Mais quelques semaines plus tard, c’est la douche froide. Les salades que j’ai plantées disparaissent à vue d’œil et de nombreux trous poussent la nuit dans les feuilles de mes betteraves. Je dois me rendre à l’évidence : une armée de limaces a sournoisement élu domicile dans notre nouveau potager… Elles sont très vite rejointes par des milliers de pucerons qui colonisent les plantes encore valides.

Face à cette avalanche de contrariétés, la tentation est grande de vouloir reprendre le contrôle. Surtout au vu de l’arsenal de produits « phytosanitaires » proposé dans les jardineries. Une bonne dose d’insecticide et quelques granulés bien sentis auront raison de ces indésirables. Je ne vais tout de même pas les laisser dicter leur loi dans MON jardin, surtout au vu du temps et du soin que j’y ai consacré.

D’un autre côté, cet affrontement risque fort de me laisser un goût amer. Certes, j’aurais probablement raison de l’envahisseur, mais à quel prix ? De nombreux insectes jugés « utiles » périront sans doute avec les ravageurs. Peut-être même un hérisson, intoxiqué après avoir ingéré des granulés ou des limaces empoisonnées. Et que dire des molécules chimiques lessivées par la pluie et concentrées dans les rivières et les nappes phréatiques ? Bref, il est probable que cette guerre de tranchée finira par provoquer des dommages collatéraux considérables.

La morale de cette histoire

N’y a-t-il pas d’autres solutions ? Après tout, si les pucerons et les limaces s’attaquent à mes plantations, ils ont aussi leurs prédateurs. Peut-être qu’avec un minimum d’encouragements, les coccinelles, les chrysopes ou les perce-oreilles pourraient me donner un petit coup de main ? Et il doit bien y avoir une ou deux espèces dans la nature pour s’occuper des limaces.

Je me réconforte en me disant que finalement, c’est un peu ça un « jardin vivant ». C’est une certaine humilité vis-à-vis de phénomènes naturels qui nous dépassent. C’est accepter de lâcher un peu la bride à la nature et faire confiance aux auxiliaires. C’est lutter contre la tentation du résultat immédiat pour tendre vers un équilibre années après années. Un « jardin vivant », c’est renoncer au désir de tout contrôler et accepter la nature comme alliée.

Le mot d'Eric Maillefer, Municipal à Echandens

Dès cette année, la commune d’Echandens a laissé près de 9’000 m2 à la nature, ce qui a permis le développement de jolies prairies, habitées par une multitude d’insectes et de petits animaux.

Pour lutter contre les plantes invasives, la commune a acquis une « machine à eau bouillante » permettant de détruire de manière ciblée les plantes nuisibles, sans utilisation de pesticides.

Pour en savoir plus

Si vous souhaitez en apprendre davantage ou si vous êtes d’ores et déjà prêt à vous lancer, profitez des conseils pratiques proposés ci-dessous :